Accueil                    English

Itinéraire de vol, ELT et plan de survie

Un lundi, au début de mars, au Québec, un pilote et un ami se préparent pour un voyage de pêche du lac aux Sables au lac Drouin, avec un Piper PA12 muni de skis, en conditions de vol à vue. Le pilote avise verbalement son épouse qu'il sera de retour vendredi, si le temps est beau. Sinon, elle ne doit pas s'inquiéter puisqu'il attendra les conditions propices...

Après trois jours de pêche sans histoire, les deux hommes décident de quitter le lac Drouin jeudi midi à destination du lac aux Sables, une journée avant la date de retour prévue, afin d'éviter le mauvais temps. Cette même journée, les avions d'un transporteur commercial de La Tuque restent au sol en raison des mauvaises conditions météorologiques : pluie verglaçante et visibilité réduite.

Quelques minutes après le décollage, l'appareil est mis en présence de neige, puis de brume et, enfin, pénètre dans la brume sans adopter un nouveau plan. L'appareil s'écrase en vol de croisière sur le lac Sincennes, à environ 40 miles à l'ouest de La Tuque, dans des conditions propices au voile blanc. Bien que l'appareil ait été fortement endommagé, les deux occupants survivent à l'écrasement.

Le pilote est blessé à la tête tandis que le passager subit des fractures à la mâchoire et aux deux jambes. Les deux occupants s'éloignent de l'avion parce qu'ils craignent qu'il prenne feu. Peu après, le pilote donne au passager un sac de couchage qu'il gardait dans l'appareil, et lui dit qu'il part chercher de l'aide. Malheureusement, l'appareil n'est pas muni d'une radiobalise de repérage d'urgence (ELT) et, bien sûr, la seule personne qui soit au courant de l'itinéraire de vol a eu pour instructions que le vol de retour serait vendredi et, pire encore, de ne pas s'inquiéter s'ils n'arrivaient pas vendredi.

Dimanche, sans nouvelles de son mari, la femme du pilote avise un ami que son mari manque à l'appel, mais elle croit que son mari est resté au chalet à attendre que les conditions s'améliorent. Le service de recherche et de sauvetage est avisé dimanche à 19 h 20 (HNE), et l'aéronef est enfin retrouvé le lendemain matin, lundi, vers 8 h 30.

Le corps du pilote est retrouvé à un demi-mille de l'épave. Trois trous creusés dans la neige par le pilote sont retrouvés à des endroits différents, probablement pour se protéger des intempéries. Le passager ne peut pas regagner la carlingue pour se protéger des intempéries parce que la douleur de ses fractures est trop intense. Il passe trois nuits sur la surface gelée du lac dans son sac de couchage. Ce n'est que dimanche matin (première belle journée) qu'il peut ramper jusqu'à l'avion, ses jambes étant gelées. Lundi matin, le passager grièvement blessé est finalement secouru, mais ses jambes doivent être amputées à la hauteur des genoux.

Analyse — Que reste-t-il à analyser? Le texte précédent est bien clair, et les conclusions sont évidentes. Votre plan ou itinéraire de vol est crucial, et il est primordial que vous y voyez de manière professionnelle, peu importe où vous allez. Ne faites jamais de tels plans approximatifs parce que votre sauvetage en sera de même.

Si vous devez absolument changer vos plans et partir plus tôt, avisez toujours une personne compétente avant le départ, ou le plus tôt possible après le départ, par tout moyen de communication à votre disposition. Si vous en êtes incapable, respectez votre plan original ou partez plus tard, au lieu de partir plus tôt — tout en avisant les autorités pour éviter une recherche inutile.

Si vous n'avez pas d'ELT à bord et que vous volez dans des régions isolées, vous vous exposez à un risque inutile. Cet accident récent représente ce que nous tentons tous de prévenir, et il est malheureux que son récit se retrouve dans nos pages.

En situation de survie, il y a certains principes de base que nous devrions tous connaître. En premier lieu, il est important de s'assurer de notre protection corporelle et de celle de nos passagers, et il faut donc administrer les premiers soins, trouver ou construire un abri le plus près possible du site de l'accident, et si possible faire un feu, pour la chaleur évidemment, mais aussi pour garder le moral. Une fois la protection corporelle assurée, il est important de trouver une source d'eau et, si possible, de nourriture. Il est probable que vous ayez à préparer quelques feux de signalisation, surtout si le site est difficilement repérable du haut des airs. Si vous vous éloignez du site pour une raison quelconque, marquez votre trajet sur les arbres de façon à ne jamais vous perdre. Tôt ou tard, les équipes de recherche vont vous retrouver. Si vous n'avez jamais pris de cours de survie, contactez le Centre de recherche et de sauvetage pour plus de détails.

Le sac de couchage a sûrement sauvé la vie du passager, et ceci prouve l'importance d'avoir cet équipement à bord : cependant, est-il possible que, si le pilote était resté avec le passager afin qu'ils puissent se réchauffer mutuellement, se réconforter, et attendre ensemble, que les deux hommes auraient survécu? à tout le moins, le pilote aurait eu une meilleure chance de survie. La décision de partir chercher de l'aide dans ces conditions, bien que fort honorable, laisse songeur, et nous semble être un erreur de jugement en ce qui concerne les mesures initiales à prendre en situation de survie

Finalement, dans les cas d'un vol dans des conditions météorologiques marginales — nous le savons tous - il ne faut jamais jouer à la roulette russe avec la météo car elle a cinq balles dans son six-coups!

En association avec l’:

aopa logocopa logoeaa logo

sar logo

Nous tenons à souligner le soutien financier du gouvernement du Canada tout particulièrement le Fonds des nouvelles initiatives en Recherche et sauvetage (FNI RS)